Disclaimer : nous exprimons nos remerciements spéciaux à l’auteur de cet article, MME Virginie SUBTIL éducatrice-comportementaliste dans les Pyrénées-Orientales (66).
La surdité partielle ou totale touche environ 7% de la population française. Ceci place la surdité au 1er plan des handicaps. Pourtant ce n’est pas celui dont on parle le plus. D’ailleurs saviez-vous que l’on peut éduquer des chiens pour sourds ? Savez-vous en quoi ils peuvent aider les personnes déficientes ?
Les USA ont été des précurseurs dans l’éducation de chiens de ce type dès 1976, puis l’Angleterre en 1982 et enfin la France en 1992 avec Odile Poupart et Irène Kuijer et leur « Chien Ecouteur » qui initieront d’autres personnes ensuite.
Comme n’importe quel chien guide, « un chien écouteur » prévient son maître des sons et dangers et lui permet aussi d’établir des liens avec l’extérieur.
Quelles sont les particularités d’un chien pour sourd ?
Seul 1 chien sur 10 est capable de devenir « chien écouteur ».
Parfaitement socialisé avec les autres animaux et les personnes, il n’est ni peureux, ni agressif, ni soumis, ni trop aboyeur, ni trop nerveux et ne met pas son maître en danger. Le chien parfait me direz vous. Oui mais pas seulement.
Le chien pour sourd est capable de prévenir son maître par prise de la main, par mordillement ou par grattage de la patte. Il faut qu’il prête attention aux bruits et qu’il soit motivé à les signaler. Cela peut s’acquérir par le dressage.
Le chien écouteur doit également savoir travailler en toutes circonstances; quelque soit sa position à lui ou celle de son maître. Mais plus que tout il doit savoir faire preuve de discernement et savoir enfreindre les interdictions s’il y a lieu.
Par exemple, s’il n’a pas le droit d’aller dans le potager mais qu’une personne arrive, il doit être capable de passer au dessus de cette règle afin d’aller prévenir son maître.
L’éducation du chien « écouteur »
Acquérir un tel bagage nécessite 4 phases d’apprentissages :
- L’éducation générale et la socialisation. Durée : de 2 à 10 mois.
- L’apprentissage des réactions : apprendre à réagir aux sons et à alerter son maître, apprendre que certains bruits de l’extérieur sont à ignorer et d’autres non. Par exemple, on doit emmener son maître vers la source d’un bruit comme le téléphone mais quand le détecteur de fumée retentit mieux vaut ne pas aller vers la source du bruit mais plutôt éloigner le maître. Durée : de 10 à 15 mois.
- La rencontre entre futur maître et chien en présence de l’éducateur pour la connaissance des réactions de chacun mais aussi des besoins de chacun (santé, alimentation, soins). La personne doit donc être une personne majeure. Durée : souvent une semaine.
- L’adaptation du chien à son nouveau domicile assisté de l’éducateur selon les besoins. Durée : une semaine supplémentaire.
Généralement à 15 mois et demi / 16 mois le chien est opérationnel, et peut agit tant qu’il reste en forme physiquement (marche, audition, vue).
Bien sûr le « chien écouteur » (tout comme le chien d’aveugle pour les personnes souffrant de cécité) est un choix personnel du sourd et ne peut lui être imposé.
La législation
Si la langue des signes est reconnue par l’Etat depuis 2004, le « chien écouteur » doit encore se faire connaitre et reconnaitre. A ce jour, c’est toujours au « sourd » que revient la responsabilité de faire accepter son chien dans les transports, les boutiques et les administrations. Souhaitons que cet article aide à sa reconnaissance.
Et merci à Odile Poupart pour ses transmissions dans bien des domaines et son amitié.
Mise à jour de l’article : décembre 12, 2018